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Création / « 50 sonnets pour mes 50 printemps », le nouveau recueil de poèmes du poète et slameur franco-sénégalais Souleymane Diamanka

par AEROMAG

Quand le hip-hop s’allie à la profondeur de la tradition orale peule, ça donne «One poet show», le spectacle du slameur Souleymane Diamanka qui sort également son 3e recueil de poèmes intitulé «50 sonnets pour mes 50 printemps».

Il  s’appelle Souleymane Diamanka. Et c’est un orfèvre de la poésie, un griot, un rappeur, un slameur de grand talent, qui publie son troisième recueil de poèmes intitulé « 50 sonnets pour mes 50 printemps », paru aux éditions Multikulti.

Mais pour se présenter, Souleymane a pris l’habitude, depuis ses débuts, de décliner une partie de sa généalogie en déclamant des poèmes. C’est en particulier le cas dans cet extrait de Réponds-lui avec de l’eau, paru dans le recueil Habitant de nulle part, originaire de partout (éditions Points, 2021) :

Si quelqu’un te parle avec des flammes Réponds-lui avec de l’eau

Sache que le seul combat qui se gagne.

C’est le duel qui devient duo

[…]

Dès le départ l’auditoire prépare nos victoires

Prendre le temps d’écrire pour le meilleur et pour le dire

Par les temps qui courent c’est prendre part à notre histoire

Eyo Wandiya Koyo

Si quelqu’un te parle avec des flammes

Réponds-lui avec de l’eau.

Et s’ils te demandent qui je suis Réponds-leur que tu ne sais pas

Mais s’ils insistent dis-leur que je suis Souleymane

Diamanka

Dit Duajaabi Jeneba

Fils de Boubacar Diamanka dit Kanta Lombi

Petit-fils de Maakaly Diamanka dit Mamadou Tenen

Arrière-petit-fils de Demba Diamanka dit Lengel Nyaama

Etcetera, etcetera, etcetera

Dans un même geste, celui d’un artiste total, Souleymane Diamanka nous invite à la f raternité universelle à travers ce poème, presqu’à une sorte d’Amour divin, tout en se mettant à nue et en déclinant une partie de sa généalogie. Et cette façon très spirituelle de se connecter à sa lignée, à ses ancêtres, lui permet indéniablement de maintenir vivant le lien qui l’unit à l’Af rique, et ce où qu’il soit dans le monde.

« Cela fait partie de mon éducation, nous précise Souleymane Diamanka. Mes parents ont insisté pour que nous parlions couramment peul, et que nous connaissions la généalogie des Diamanka ; comment ce nom a voyagé de l’Egypte ancienne jusqu’au Sénégal, et pour qu’on se situe dans la vie en tant que descendant et pas seulement comme individu. Et cela nous a permis de ne pas être juste des jeunes de quartiers ou des banlieusards, et de se dire que nous sommes les héritiers d’une très belle histoire. »

Né le 27 janvier 1974, à Dakar  au Sénégal, de parents sénégalais, Souleymane Diamanka grandit à Bordeaux où il effectue l’essentiel de sa scolarité primaire et secondaire. La fratrie vit cependant une réalité imposée par les parents qui, pour garder un certain contrôle sur leur éducation, leur avaient interdit de parler f rançais à la maison.

Seul le peul était permis, à l’époque.

Autour de 8 ou 9 ans, grâce à son instituteur, poète à ses heures, le jeune Souleymane Diamanka découvre la poésie et s’initie au sonnet, déjà. « Je trouvais ça très musical, se souvient-il aujourd’hui, mais aussi très compliqué, très technique. Et je m’étais promis que quand je serai vieux comme Victor Hugo, moi aussi je serai capable d’écrire un recueil de sonnets. Et je me le suis offert pour mes 50 ans. »

Et dans ce troisième recueil de poèmes, Souleymane Diamanka rend hommage à de très nombreux artistes, parmi lesquels Guillaume Diop, premier danseur étoile noir de l’Opéra de Paris. Et pour lui, « c’est un vœu qui s’est exaucé. » Et il ajoute, sur le même sujet : « Il y a eu un moment où en France, ça paraissait impossible d’avoir un danseur étoile noir. Je me dis toujours que les vœux s’exaucent à la vitesse d’un baobab qui pousse. »

« Danseur étoile noir ému aux larmes bleues

Au hasard d’un couloir, l’espoir donne des news

Le temps, un entonnoir où coule un si beau blues

L’histoire nous sourit, l’amour de l’âme pleut

Mon étoile filante a failli exploser

Le grand baobab pousse à sa propre vitesse

Les valeurs ne sont pas qu’une pauvre richesse

Les vœux de notre ancêtre ont été exaucés […] »

Ce vœu exprimé par Souleymane Diamanka a donc mis du temps à devenir réalité. Mais si, comme il le dit, il y a un danseur africain qui a rêvé d’être étoile dans les années 1950, il se réjouit que Guillaume Diop en soit la matérialisation aujourd’hui. « Je trouve ça très positif, affirme le poète. Je pense vraiment que la clé c’est l’excellence. C’est une clé qui ouvre toutes les portes. »

Et puis, toujours dans ce recueil, il y a cette déclaration d’amour de Souleymane Diamanka pour le sage et immense écrivain malien Amadou Hampâté Bâ, l’auteur notamment de Amkoullel l’enfant peul,

L’étrange destin de Wangrin ou encore Kaïdara, les contes initiatiques peuls. « A mes yeux, Amadou Hampâté Bâ représente le trait d’union entre l’oralité et la littérature, nous a-t-il confié. Mon père ne savait ni lire ni écrire, mais il m’a mis entre les mains les livres d’A. Hampâté Bâ, parce qu’il savait que c’était très important. »

« 50 sonnets pour mes 50 printemps », Souleymane Diamanka, Multikulti éditions, 144p., 17,50 euros Souleymane Diamanka – One Poet Show, Théâtre Le République, Paris 3e, le 28 septembre 2025, à 17h, à partir de 20 euros

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