CONTEMPORAIN DE DAKAR
« Une offre artistique alléchante et des rencontres professionnelles de haut niveau au programme »
Initialement prévue au mois de mai, la 15e Biennale de l’art africain contemporain de Dakar a eu finalement lieu du 7 novembre au 7 décembre 2024. Suite à un report qui n’a pas entamé la richesse de sa programmation, qui annonce une belle fête dans la capitale sénégalaise et même au-delà.
Propos recueillis par OumyNdour
Qu’est-ce qui explique le report de cette édition de la biennale ?
Il faut rappeler que les premières éditions de la Biennale se tenaient en novembre-décembre. Cette année, c’est un changement dans l’agenda républicain, au sein duquel s’inscrit cet événement qui fait que l’on est passé de mai à novembre, sur décision des plus hautes autorités du Sénégal. Tout est fin prêt pour une belle réussite de cette édition.
L’édition 2024 de la Biennale a pour thème « The Wake, l’Eveil, Xaalwi, le Sillage », pourquoi ce choix ?
C’est un continuum par rapport à tout le travail réalisé par les directeurs artistiques de la Biennale depuis 2016 : Simon Njami et El Hadji Malick Ndiaye. Cette édition va permettre de poursuivre dans ce « Sillage » sur le plan culturel, économique, social, politique, environnemental, de définir une route et de garder le cap pour une biennale qui, je le rappelle, est panafricaine. Nous réfléchissons par exemple à plusieurs problématiques notamment celle de l’employabilité des jeunes qui constituent la majeure partie de notre population. Nous pensons que les métiers d’art qui sont des métiers d’avenir peuvent aider à les insérer dans le marché du travail dans un monde en pleine mutation où nos jeunes sont tentés par l’émigration clandestine.

C’est justement une jeune femme, Salimata Diop qui est cette année Directrice artistique de la Biennale, qu’est-ce qui a mené à ce choix ?
C’est le projet curatorial qu’elle a soumis qui a séduit le Conseil d’orientation sur la dizaine de projets reçus. Ce choix n’est pas basé sur le sexe encore moins sur l’âge. Cependant, il faut souligner que cette année l’équipe est très féminine, tant dans la sélection internationale qui compte quasiment 50% de femmes artistes qui ont fait des propositions puissantes et pertinentes, que dans l’équipe curatoriale essentiellement composée de femmes. WangechiMutu, artiste kenyane pluridisciplinaire a été retenue comme grand témoin. Elle investira l’ancien Palais de justice aux côtés de la Sénégalaise Anta Germaine Gaye a qui nous rendrons hommage. Les scénographes sont aussi des femmes : Clémence Farrell et Khady Kassé. On ne s’était pas rendu compte de ce fait, car c’est leur expertise qui a prévalu dans ces choix.
Quels seront les temps forts de cette 15e Biennale de l’art africain contemporain de Dakar ?
En termes de scénographie, l’ancien Palais de justice du Cap Manuel va subir une mutation qui va coller au projet curatorial. Côté design, Ousmane Mbaye a monté une grande expo qui regroupe 25 artistes des quatre coins du monde. Il y a un an, nous quittait Mouhamadou Ndoye « DOUTS » qui avait une production très marquante dans le domaine des arts visuels au Sénégal et en Afrique. Juste avant son décès, il était en Corée du Sud et au Japon, nous revisiterons son œuvre et lui rendrons hommage. Les deux pays invités d’honneur sont le Cap-Vert et les Etats-Unis. A côté de cette offre artistique, il y aura beaucoup de rencontres professionnelles et scientifiques au Musée des Civilisations Noires et àl’ancien Palais de Justice. Cette année, on discutera notamment des industries culturelles et créatives. N’oublions pas les manifestations d’envergure. Pour cette édition, nous avons donné une grande place au Street art.
Parlons justement des manifestations Off. Qu’est-ce qu’elles nous réservent cette année ?
Au 31 août à l’arrêt des inscriptions, nous en avions déjà dénombré plus de quatre cents. Mais pour nous les Off, ce n’est pas une question de quantité mais plutôt de qualité de l’offre et ce que nous avons vu laisse présager de belles expos à Dakar, un peu partout au Sénégal et ailleurs aussi avec les Off de la diaspora. On a eu des artistes de la Tunisie, des Iles Comores, des Etats-Unis qui veulent communier avec la Biennale et qui ont pris l’attache de nos représentations diplomatiques pour organiser cela. Certains travaillent avec des artistes sénégalais vivant là-bas.
Qu’est-ce qu’il y aura au menu pour les familles ?
Depuis 10 ans, la Biennale a un espace dédié aux enfants à l’ancien palais de justice et dans d’autres lieux du Ministère de la Culture. Des activités pédagogiques seront organisées, des visites scolaires, des séances d’initiation à l’art. Nous sommes aussi en partenariat avec de nombreux établissements scolaires. Toute cette programmation avec les Off nous fait dire que les populations ne viennent pas à la Biennale, la Biennale ira vers elles.