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Le trône de Béhanzin

par AEROMAG

Une comédie musicale pour l’histoire

Offrir au Bénin un précieux outil de promotion touristique, à travers un spectacle et un parc à thèmes sis au palais royal d’Abomey, pour permettre aux visiteurs d’y vivre une expérience immersive. C’est le rêve du rappeur et opérateur culturel Amir Alli « El Presidente », initiateur et producteur de la comédie musicale le « Trône de Béhanzin ». Un rêve devenu majestueusement réalité.

Sergent Markus T. Djaho

Nous sommes vendredi soir. Il est vingt heures. Le palais des congrès de Cotonou grouille de monde. Autorités ministérielles, personnalités publiques, acteurs culturels, artistes, journalistes, spectateurs anonymes affluent vers la sallerouge ; tous ou presque, cirés et tirés à quatre épingles. Visiblement, le spectacle de ce soir-là est un événement capital.

Annoncée depuis plusieurs mois, et après un coin de voile levé en février 2024 avec la sortie de la chanson et de la vidéo promotionnelles « Kondo », interprétée par Don Métok en collaboration avec le Duo Teriba, la comédie musicale « Le trône de Béhanzin » allait enfin livrer tous ses secrets !

Depuis l’esplanade du palais des congrès, on aperçoit un branding audacieux et imposant ! L’immense banderole suspendue au fronton de l’estrade, le tapis rouge dressé au sol, les bâches qui bordent l’allée conduisant à l’entrée, la photo de Béhanzin, du moins celle de Don Métoken grandeur natureimitant la célèbre statue du roi Béhanzin régnant depuis des décennies sur la place Goho d’Abomey, tout semblait bien réglé comme du papier à musique.

Tout cela annonçaitbien les couleurs d’un spectacle riche en couleurs et en tableaux. Et quand les lumières s’éteignent et que les rideaux se lèvent, la scène de la salle rouge du palais des congrès de Cotonou devient un véritable théâtre de vie à mille et une facettes : tantôt une plage des caraïbes , tantôt un village avec des huttes en terre cuite et des toits de chaume, tantôt le palais royal du Danxomè chichement décoré, tantôt un champ de bataille où braves guerriers et impitoyables agodjiémenaient des combats infinis et des luttes épiques pour élargir et protéger le royaume.

Ce splendide décor est la signature du jeune MahoutondjiKinmangbo, appuyé à la scénographie par Achille Sènifa et Sourou TranquillinNonfon. Il est le résultat d’un alliage parfait entre éléments virtuels et matériaux physiques. Il aura été propice pour dérouler le film de la vie du roi Béhanzin, entre fiction et réalité ; et ce, de son intronisation à sa déportation en Martinique, en passant par son opposition farouche à la colonisation française, sa défaite et son refus de capituler devant les troupes du général Alfred Dodds.

 Et le chanteur Ignace Don Metok, sans formation de comédien, de surprendre le public avec une incarnation magistrale du personnage de Béhanzin. Son interprétation des chansons créées et composées à l’occasion, avec Nasty Nesta, Méchac Adjaho et Bizzy Brayne, prolonge le charme de cette comédie musicale. Le rappeur Fo Logozo d’une part, les chanteuses Sessimè, Tina et Queen Fumi de l’autre, auront démontré la magie créative d’une conjugaison intelligente des voix féminines et masculines.  Sous la direction de la chorégraphe Rachelle Agbossou, danses royales et cérémonielles, danses traditionnelles et contemporaines ont livré au public des corps de femmes et d’hommes en mouvements synchronisés, en rythme, en harmonie, presque en transe, lors de rites et rituels sacrés. Des costumes finement réalisés par Andy Chrys, et des accessoires spéciaux replongent le spectateur au temps de la royauté au plateau d’Abomey.

Des gueules tonnaient, des voix murmuraient. Dialogues, confidences, professions de foi, incantations, chants guerriers ; le récit s’énonçait, l’histoire se racontait en paroles de feu jaillies de la bouche de célèbres comédiens béninois comme Nicolas de Dravo, Alfred Fadonougbo, Bardol Migan, ou encore Serge Dahoui. Le metteur en scène Sèdoha Didier Nassègandé, plus jeune que ces derniers, mais visionnaire et engagé, aura puisé dans ses profondes ressources intellectuelles et mentales pour enrichir  d’abord le texte et ensuite rendre digeste l’écriture dramatique de ce spectacle. Il aura conduit avec maestria et professionnalisme la trentaine d’acteurs, et au final, un très long « standing ovation » !

La première du spectacle « Le trône de Béhanzin » fut une grande réussite. Elle se veut le reflet de la grandeur du rêve et du projet artistique de l’initiateur. 

Désormais, les dés sont jetés. L’histoire du roi Béhanzin pourra se raconter aux quatre coins du monde, pour rendre un hommage mérité à cette figure emblématique de la résistance africaine face à la colonisation. C’est du moins une ferme promesse du producteur Amir Alli.

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