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Un livre retrace le processus du retour des biens culturels au Bénin

par AEROMAG

Chef de mission adjoint avec rang d’ambassadeur à Paris, le Béninois Angelo Dan vient de publier un ouvrage relatant le processus qui a permis la restitution en novembre 2021 de 26 trésors royaux pillés par les colons français.

C’est un livre que doivent s’arracher chercheurs universitaires, journalistes, diplomates et tous les hommes de culture. Le diplomate béninois, Angelo Dan, dans un style clair et chronologique, lève un coin de voile sur les coulisses des négociations. Un livre qui entre dans l’histoire comme l’événement qu’il aborde. Paru aux éditions Présence Africaine à Paris, en décembre 2024, le livre intitulé « La restitution de biens culturels entre la France et le Bénin : Journal d’un processus historique (2016 – 2022) », préfacé par Bénédicte Savoy et Felwine Sarr, revient sur les différentes étapes qui ont ponctué les négociations. Angelo Dan, tout en respectant la réserve professionnelle requise, raconte le processus de restitution de biens culturels entre la France et le Bénin, entamé en août 2016 à l’initiative du gouvernement béninois et ayant débouché, en novembre 2021, au retour au Bénin des 26 œuvres du Trésor royal d’Abomey.  « Je raconte le déroulement des négociations bilatérales ou, plus exactement, de cette « épopée diplomatique et culturelle » pour reprendre l’expression utilisée par les deux préfaciers de mon livre, les professeurs Bénédicte Savoy et Felwine Sarr. Il s’agit d’un récit personnel axé sur des informations qui sont, pour certaines, connues du public (parce qu’elles ont donné lieu à une communication officielle  des  deux  pays  ou  ont fait l’objet d’un large traitement médiatique dans la presse nationale ou internationale) et, pour d’autres, moins connues, notamment pour ce qui concerne les coulisses des négociations et la construction diplomatique de ce processus de restitution. », confie le diplomate.

Des dates marquantes

Si l’auteur reconnait que le processus a connu quelques moments exceptionnels, il rappelle quelques dates à retenir. Il s’agit de :

– la visite de travail effectuée par le président Patrice Talon en France, en mars 2018, qui a abouti à la décision de son homologue français, Emmanuel Macron, de confier une mission de réflexion au duo Savoy-Sarr sur la restitution du patrimoine africain ;

–  la remise du rapport Savoy-Sarr au président français, M. Emmanuel Macron, le 23 novembre 2018, qui a débouché sur la décision du chef de l’État français de restituer 26 œuvres aux autorités béninoises ;

– la visite de travail effectuée au Bénin, en décembre 2019, par le ministre f rançais de la Culture, M. Franck Riester, qui a été soldée par l’adoption entre le Bénin et la France d’un programme de travail commun sur la conduite du processus de restitution ;

– l’adoption par le Parlement f rançais, un an plus tard, le 17 décembre 2020, de la loi relative à cette restitution ;

– la signature à l’Elysée, à Paris, le 9 novembre 2021, de l’Accord bilatéral f ranco-béninois y relatif, qui a été suivie du retour au Bénin, le 10 novembre, des 26 œuvres restituées.

L’exposition organisée au musée du Quai Branly- Jacques Chirac à Paris du 26 au 31 octobre 2021, des 26 œuvres restituées au Bénin, avant leur retour au Bénin fut également un moment exceptionnel.

« C’était la première fois que ces œuvres étaient exposées ensemble depuis leur arrivée en France. Le succès populaire de cette exposition, qui a enregistré plus de 15 000 visiteurs en six jours, a conduit la direction générale du musée du Quai Branly à la prolonger, à titre exceptionnel, jusqu’au 1er novembre 2021. De la même manière, l’exposition diptyque organisée au Palais de la Marina à Cotonou, du 19 février au 22 mai 2022, autour des 26 œuvres restituées, a enregistré un nombre record de plus de 200 000 visiteurs issus de nombreux pays, conduisant le gouvernement à décider de la réouverture exceptionnelle de l’exposition en juillet 2022, face à la forte demande » se souvent l’auteur.

Un tabou levé

La réussite de ce processus diplomatique et culturel est un marqueur dans l’histoire des relations franco-africaines et d’ailleurs entre le continent et d’autres pays occidentaux. « Souvenons-nous que les premières demandes de restitutions formulées par des Etats et intellectuels af ricains au lendemain des indépendances africaines s’étaient toutes soldées par un échec, à tel point que le sujet de la restitution du patrimoine africain était devenu un tabou entre l’Occident et l’Af rique. Ce tabou est désormais vaincu. Comme vous le savez certainement, à la suite du Bénin, plusieurs autres pays africains ont formulé des demandes de restitution de leur patrimoine, et obtenu, pour certains, gain de cause. La France a depuis lors restitué des biens ou restes humains à Madagascar et à l’Algérie, et s’apprête à restituer prochainement à la Côte d’Ivoire le célèbre tambour parleur des Ebriés. Quant à l’Allemagne, elle a restitué au Nigeria, en 2022, des dizaines d’œuvres essentiellement constituées des célèbres bronzes du Bénin. » constate Angelo Dan, qui à la fin de son livre, fait un bilan provisoire de ces restitutions qui concourent au rééquilibrage nécessaire des relations Nord-Sud, ainsi qu’à une meilleure connaissance des pans de l’histoire coloniale liés au pillage du patrimoine africain grâce au développement des programmes de recherche sur la provenance des biens du patrimoine africain détenus en Occident. Pour le diplomate, le Bénin peut espérer le retour d’autres biens culturels.

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