Comme Héléna, une ressortissante Belge croisée sur le ferry qui assure la traversée du fleuve Gambie, certains vont en Gambie pour avoir un tampon dans leur passeport (une astuce bien connue de certains touristes qui viennent dans les pays limitrophes de la Gambie). Mais après cette visite quelque peu opportuniste, ils sont souvent séduits par l’île de Banjul. Sa gastronomie, son charme naturel et ses lieux emblématiques ne les laissent point indifférents.
Comme ces milliers de touristes qui débarquent à Banjul chaque année, faisons ensemble la découverte de cette île.
Une ville multi-centenaire
Banjul est la capitale de la République de Gambie, pays d’Afrique de l’Ouest à la frontière sénégalaise. La ville est une île ceinturée par le fleuve Gambie et l’océan

Atlantique. Ses bâtiments coloniaux comprennent le musée national, consacré à la culture et à l’histoire du pays. Au marché animé d’Albert Market, des vendeurs proposent des tissus colorés et des produits locaux. L’entrée principale de la ville est marquée par l’Arche 22 et ses colonnes. Selon les récits de Malang Tandieng, guide touristique et premier secrétaire de l’association nationale des guides touristiques de la Gambie, l’histoire de la ville de Banjul commence bien avant l’arrivée des premiers colons britanniques qui n’arrivèrent sur l’île qu’en 1816. « Le nom Banjul vient d’un mot mandingue local qui désigne une fibre particulière», explique le guide. La ville s’étend sur 12 km² et se situe à l’embouchure du fleuve Gambie, au bord d’une petite île éponyme encore appelée île Sainte- Marie. « A l’école, on nous a appris que les Britanniques avaient choisi cet emplacement (Banjul) parce qu’ils cherchaient une solution pour mieux contrôler l’accès au fleuve Gambie et de faire respecter la loi sur l’abolition de l’esclavage de 1807 », détaille Malang. Au cours des vingt années suivantes, Bathurst (ancien nom de la ville de Banjul) deviendra l’un des pôles ouest-africains de la lutte navale britannique contre l’esclavage. Mais il faudra attendre 1843 pour que la Gambie devienne une colonie dotée de son propre gouverneur. En 1889, Banjul fut déclarée capitale de la nouvelle colonie de la Couronne (britannique) et du protectorat de Gambie. A son indépendance en 1965, Bathurst fut nommée capitale du pays. En 1973 les autorités gambiennes rebaptisent la ville et choisissent Banjul comme nouveau nom. Plusieurs festivals rythment la vie culturelle à Banjul. Pour notre guide, Banjul Demba est le festival local le plus populaire. Il est célébré durant la première semaine de janvier et met en valeur la culture traditionnelle. Un autre festival (festival sportif du 1er mai) est célébré le 1er mai comme son nom l’indique. Il attire des visiteurs de toute la région de Banjul.

De nombreux groupes ethniques peuplent Banjul. Il s’agit notamment des Mandingues, des Peuls, des Wolofs, des Diolas et des Sérères. L’anglais est la langue officielle mais il est courant d’entendre dans les rues de Banjul le wolof. A Banjul comme dans l’ensemble du pays, l’Islam est la religion la plus populaire. Selon les estimations plus de 90 % de la population est de confession musulmane.
Le “National Museum of the Gambia”
Que sa modeste façade et son bâtiment quelque peu décrépi ne vous trompent point. Le “National Museum of the Gambia” est le lieu de conservation du patrimoine culturel et historique de la Gambie.

Ce musée regorge de collections archéologiques, de documents historiques et d’instruments de musique traditionnels. Le musée, créé en 1985, occupe l’ancien Club Bathurst, une institution coloniale qui était exclusivement réservée aux colons britanniques. Son architecture, pas très singulière, est aussi un témoin du passage de l’ancienne puissance coloniale. « Face à l’épreuve du temps et des intempéries, la bâtisse du musée n’a plus son allure d’antan », dit en rigolant Kwasu Jackson, le guide que nous avons retrouvé au musée en ce début d’après-midi de dimanche.
Les formalités de visite effectuées, nous entamons le tour des lieux. Et c’est l’un des objets les plus utilisés et profondément ancré dans le quotidien et la culture gambienne qui nous accueille : une pirogue métallique en miniature. « Vous voyez ? Ici, c’est l’un de nos symboles », explique Kwasu Jackson en pointant du doigt la pirogue. Du fait de notre emplacement naturel (la géographie de la Gambie avec ses nombreux cours d’eau, son fleuve et sa façade maritime, NDLR), la pirogue est un outil dont on ne peut se passer ici, détaille le guide, avant d’ajouter : « même pour venir à Banjul, vous êtes monté à bord d’un ferry). A la suite de la pirogue, sont alignés divers éléments culturels. Une représentation de danseur Zimba (le Zimba est une danse traditionnelle au cours de laquelle on voit souvent se produire avec véhémence des danseurs, lors de festivals et de spectacles organisés dans les rues des quartiers résidentiels), des expositions de tenues mandingues, des représentations de cases mettant en exergue le savoir-faire architectural des peuples autochtones de Banjul. On y retrouve également une galerie consacrée à l’ensemble des personnalités qui se sont succédées à la tête de la ville de Banjul.
A l’étage, sont exposées et soigneusement annotées, des images descriptives des étapes-clé de l’histoire politico-administrative de la Gambie. De l’époque coloniale à celle de la transition démocratique en cours, passant par la fenêtre de la Sénégambie et le règne de Yaya Jammeh, rien n’est mis de côté. Les partis politiques ayant existé ou qui existent encore ont aussi leur place aux côtés de la galerie des pères fondateurs de l’indépendance gambienne (The founding fathers of our independance) qui regroupe un ensemble de dix-neuf personnalités dont Sir Daouda Jawara, Kalilou Singhateh, Alieu Badara Njie, Famara Wassa Touray, etc.
« Dans ce musée, vous pouvez aussi voir quelques chaînes utilisées par les négriers pendant l’esclavage sur nos ancêtres », nous fait savoir notre guide, Kwasu Jackson. Derrière une vitre fermée, deux paires de choses sont maintenues au mur par de petits crochets. Légèrement au-dessus, on peut apercevoir une vieille photographie en noir et blanc représentant des esclaves dans des plantations et datée de 1860.
Le « National museum of the gambia », ce n’est pas que l’histoire du pays. Il sert aussi la cause de la défense et de protection de l’environnement. Dans un espace spécialement dédié à cette cause, on peut apercevoir des photographies de la biodiversité existant en Gambie et des recommandations qui incitent à leur conservation et à une gestion durable de ces ressources.
Arch 22 : l’entrée de Banjul City
Imposante par sa taille, cette arche à la forme d’un arc de triomphe est un site commémorant le coup d’Etat du 22 juillet 1994 par Yaya Jammeh qui devint alors président de la République de Gambie. Elle est construite en 1996 et a une hauteur de 35 mètres ; c’est le passage obligatoire pour atteindre le centre-ville de Banjul.

Ce monument abrite des expositions sur l’histoire de la Gambie. On peut y voir des objets liés au coup d’État militaire de 1994 notamment un manuscrit du discours du président et le tabouret sur lequel il était assis pour le rédiger, selon le guide des lieux.
Les colonnes de l’arche abritent les escaliers et les ascenseurs (les ascenseurs sont hors d’usage) qui mènent au pont central qui héberge un café et un petit musée ethnographique. De ce pont central, se dégage une vue panoramique sur la ville d’où on peut voir le bâtiment de l’Assemblée nationale, la Cour suprême, la grande mosquée du roi Fahd et les nombreux toits en tôle ondulée de Banjul.
Ce musée est consacré à l’exposition d’outils agricoles, de robes traditionnelles en tissu et d’armes telles que des arcs et des flèches en bambou, ainsi que des armes à feu de fabrication locale.
Albert Market
Anciennement appelé Royal Albert Market, ce marché créé au milieu du XIXème siècle doit son nom à l’ancienne puissance colonisatrice : un hommage à l’époux de la reine Victoria, le prince Albert de Saxe-Cobourg-Gotha. Aujourd’hui, c’est un marché principalement pour touristes qui s’étend le long de l’avenue « Libération » avec plusieurs centaines d’étals. On y trouve un peu de tout : des produits f rais (légumes, poissons), des artisans, des tailleurs qui créent des vêtements sur mesure, etc.

Dans ce marché, la gastronomie gambienne est aussi présente à travers les plats traditionnels (le domoda, le yassa, etc.) qu’exposent des vendeurs locaux. Le marché est ouvert tous les jours, généralement de 8h00 à 19h00, avec des zones distinctes pour les produits en gros, les aliments f rais et l’artisanat.
Kachikally Museum and Crocodile Pool

Nichée au cœur de Bakau, une ville située à l’ouest de Banjul sur la côte Atlantique, la piscine des crocodiles de Kachikally est à la fois un refuge de crocodiles et d’espèces végétales menacées. Ce site sacré abrite environ 70 crocodiles du Nil dans son bassin ; des crocodiles considérés comme sacrés par les habitants de la région. Kachikally Museum and Crocodile Pool a aussi, en son sein, un musée ethnographique. Les visiteurs, accompagnés d’un guide, peuvent approcher les crocodiles et les plus courageux peuvent même les toucher. Au-delà des reptiles, ce mini parc héberge également des espèces végétales menacées de disparition en Gambie notamment l’arbre à coton en soie encore appelé le cotonnier gambien.
La gastronomie gambienne, une des fiertés des habitants de Banjul
La gastronomie en Gambie est riche et variée mais le riz est omniprésent. Les plats les plus emblématiques sont entre autres, le Benachin (riz aux légumes avec de la viande ou poissons de mer), le Yassa et le Domoda (ragout de viande et de pâte d’arachides). Pour Malang Tandieng, guide touristique et premier secrétaire de l’association nationale des guides touristiques de la Gambie,lesplats traditionnels gambiens constituent une des attractions du pays. « Quand les touristes viennent ici, ils veulent toujours goûter nos plats locaux », s’exclame le guide. « Mais une fois qu’ils y ont goûté, il leur est difficile de s’en passer durant leur séjour », se vante-t-il. La gastronomie gambienne, c’est aussi l’art des viandes braisées notamment celle de phacochère. A Banjul, plusieurs restaurants sont même spécialisés en la matière.

Devant l’un d’eux installé en bordure de mer, nous croisons Sébastien et Laurène, un couple français. Ils en sont à leur quatrième séjour à Banjul. « Nous venons souvent en vacances au Sénégal, nous y avons de la famille. Et Banjul n’est pas très loin, c’est plus calme », nous fait savoir Laurène. Et à Sébastien d’ajouter : « les viandes grillées, ils les font comme je les aime. Donc, on se fait plaisir ».

