Aka Besoin an ? Si vous aimez la musique béninoise, alors vous avez la référence.Auteur, compositeur, interprète et chef d’entreprise, confidences avec le zoukeur national !
Estelle Gloria
Richard Flash, qui est tu ? Parle-nous de toi…
Richard Flash c’est Kakpo Richard à l’état civil, je suis né à Agatogbo d’un père pêcheur et d’une mère commerçante. Je suis originaire de Gbéhoué, dans la commune de Grand Popo. Depuis le cours primaire, je chantais déjà devant mes amis qui cotisaient pour m’acheter à manger à la récréation.
J’ai très tôt compris que les gens prêtaient attention lorsque je chantais. Cela m’a encouragé à développer mon talent. J’ai fait le collège de Comè puis celui de Zogbo à Cotonou, dont j’ai intégré la chorale catholique. À l’époque, j’étais employé comme chanteur, nous faisions des concerts profanes. C’est comme cela que d’autres personnes m’ont découvert et ont cru en moi…
Raconte-nous ton parcours, ton histoire…

Je viens de très loin…Après la chorale, j’ai été Disc Jocker à la boîte de nuit “Memphis” àCotonou. J’ai été animateur, puis chef des programmes à Radio Star.
Après j’ai voyagé, j’ai fait mon premier album en France, un album qui est sorti le 20 juin 2002. Mon album “Kisto”, un album 100% zouk qui m’a révélé au grand public.
Cet album me maintient jusqu’à ce jour, comme le premier et seul zoukeur du Bénin et de l’Afrique… Mon histoire, c’est aussi beaucoup de souffrances et de galères. Comme quand on finit un concert et que le promoteur refuse de payer et que je dois marcher de Ouidah à Cotonou…Si je rentre dans les détails, l’histoire risque d’être très longue.
Comment as-tu découvert ton amour pour la musique ?
J’aimais des chansons que j’interprétais devant des amis, qui m’applaudissaient. À l’école chaque fois que le maître était absent, mes camarades me demandaient de chanter et ils me donnaient 10 francs chacun pour manger à la récréation. J’interprétais les chansons de Poly Rythmo , Pierre Avolonto…
À la chorale, j’interprétais les chansons de AurlusMabélé, Koffi Olomidé. Ce que je faisais touchait beaucoup de gens, j’ai compris rapidement que je pouvais en faire un métier.
Comment est-ce qu’on passe de la couture à la radio, puis à la musique justement ? Par quelle magie ?
Oui j’ai été couturier, c’est le métier que j’ai appris pendant trois ans. À un moment la chanson ne marchait plus, j’ai été à Abidjan où j’ai fait une formation en prise de son. À mon retour, j’ai commencé à faire de l’animation à Cotonou dans un bar qui s’appelait “la Référence”. J’y ai rencontré monsieur Marcellin Atindégla qui à ce moment, montait sa radio commerciale privée…Il a trouvé que ma voix était radiophonique. C’est comme cela que j’ai été embauché.
Je finissais dans la boîte de nuit à six heures du matin, je me reposais toute la journée jusqu’àdix-huit heures, puis j’allais travailler à la radio. À minuit, je ramassais toutes mes affaires pour aller animer dans la boîte de nuit. Le lendemain, je recommençais avec le même scénario.
C’est comme cela que le nom Richard Flash s’est imposé, avant même que je ne me lance officiellement dans la musique.
Que changerais- tu à ton parcours si tu en avais l’occasion ? Pourquoi ?
J’aurais pu mieux m’entourer au début de ma carrière, afin de la développer autrement. C’est la seule chose qui fait qu’aujourd’hui, j’estime que je n’ai pas eu tout le succès que je méritais.
Pas parce que les gens autour de moiaient été incompétents… Mais lorsqu’on regarde la qualité du travail qu’on sortait à cette époque, c’est normal de se poser des questions : soit notre écosystème n’est pas assez encourageant, soit quelque chose nous manquait.
Qu’est-ce qui te motive au quotidien ?
Aujourd’hui ce qui me motive, c’est de savoir que je suis utile pour les autres, avec l’expérience que j’ai eu à travers le monde. Ce que j’apporte à la jeune génération, c’est ce qui me motive. Je suis très heureux de voir les autres heureux.
Aujourd’hui tu diriges, entre autres, la Centrale Company ? Parle-nous un peu de ton entreprise…En quoi êtes-vous différents ?
Je me suis inspiré d’un souci qu’il y a eu il y a quelques années, lors de la célébration de la fête de l’indépendance au Bénin. J’ai remarqué les différences de traitement entre les artistes étrangers et les artistes béninois.
Je me suis dit que j’allais rassembler tous les artistes béninois et qu’ensemble on formerait une fédération, qu’on boycotterait les concerts si on n’était pas mieux traités et si on avait pas de meilleurs cachets.
J’ai voulu créer le commissariat central du showbiz, c’est de ce besoin qu’est né : la Centrale Company. En tant qu’artiste, et connaissant toutes les difficultés liées à ce métier, je voulais créer une agence qui soit différente et qui penserait avant tout, aux artistes.
La Centrale Company, c’est une agence d’événementiel et de booking d’artistes. Nous sommes la seule agence, ayant un contrat de booking avec les artistes au Bénin. Ce qu’on fait de différent, c’est que nous construisons des événements avec un oeil d’artiste. La centrale ne fait pas les événements en tant que commerçant, nous le faisons en pensant au confort de l’artiste sur scène, en pensant à la logistique et à l’aspect artistique, à l’expérience que nous voulons faire vivre au public.
En deux ans d’existence, nous avons su nous imposer, tant la différence est perceptible. J’ai initié le Flash live tour en 2018 avec des concerts dans toutes les soixante dix sept communes du Bénin, pour apprendre et comprendre toutes les réalités du terrain en tant qu’artiste. Cela a aidé dans la concrétisation de la Centrale Company. Je suis tout le temps en formation de la vie, afin de tracer un meilleur chemin pour les générations futures et contribuer au développement de mon pays.
Quels sont tes challenges en tant que Directeur de la Centrale Company ?
Mon challenge principal, c’est comment faire pour changer les choses, comment créer des événements, pour que les artistes puissent vraiment vivre de leur art, du spectacle.
Ma carrière est aussi une priorité, je donne de ma personne pour que mon agence soit pérenne et ait un impact durable.
Quels sont les projets de la Centrale Company dont tu es le plus fier ? Pourquoi ?
Tous les projets de la Centrale me rendent fiers, parce que ce sont des projets qui n’ont pas été réalisés avec des facilités. Le projet qui me donne une satisfaction particulière, c’est le projet “ELLES” : un projet qui célèbre les femmes chaque mois de mars.
Nous mettons en avant des femmes qui ont des carrières pas souvent visibles, sur le podium ce sont des femmes avec un orchestre 100% féminin. Dans la journée, nous animons des séances de sensibilisation où des jeunes étudiantes, rencontrent des femmes ministres et influentes. C’est un creuset d’échanges sur des thématiques comme le leadership, la citoyenneté, le patriotisme, etc.
À long terme, cela impulsera une dynamique nouvelle, où les femmes seront plus visibles, plus puissantes. J’aimerais que dans 5 ans, les grandes décisions au Bénin, soient prises par des femmes. J’ai foi qu’avec leur sensibilité, les femmes feront mieux.
Tu chantes souvent l’amour, les relations humaines…Comment choisis-tu tes sujets ?
Mes sujets me viennent de tout ce que je vis tous les jours, de la vie quotidienne. Je me fais aussi la voix des sans voix : tout ce à quoi j’assiste, sont des sujets. C’est ce que le public béninois aime : des chansons auquel il peut s’identifier.
C’est aussi pour cela, que même si je ne sors pas un album chaque année, je reste actuel car mes chansons sont intemporelles.
Récemment, tu t’es illustré avec brio, en Côte d’Ivoire lors du concert avec le King Gadji Celi et aussi au Togo il y a quelques mois. Comment arrives-tu à combiner toutes ces casquettes ?
Ce n’est pas difficile car c’est de la musique. Je vends de la musique, à la Centrale je travaille la musique pour les autres artistes. Je m’amuse à le dire : à part la musique, je fais de la musique. Avec la passion, on ne sent pas quand on travaille.
Quelles sont les dates qui t’ont le plus marqué dans ta vie / carrière ?
Je dirai la date du 1er août, c’est l’anniversaire de l’accession de notre pays à la souveraineté nationale, mais c’est aussi le jour où j’ai perdu mon père. Mon pèreétait le chanteur principal de notre village. Je pense que s’il était encore vivant, il me donnerait des conseils…
À part cela, l’année 2002 est très importante pour moi car c’est l’année où Monsieur Jimmy Houétinou, un producteur béninois, m’a fait une confiance aveugle. Sans savoir vraiment ce que je faisais, il m’a envoyé en studio et a payé un ingénieur de son, pour qu’il travaille sur mon album. Cet album “Kisto est celui qui a fait de moi, qui je suis aujourd’hui.
Dans ma carrière, il n’y a pas vraiment de dates fétiches. Tous les jours sont des occasions de joie et de bonheur, c’est comme cela que je vois la vie.
Dans un monde parallèle et si la musique n’était pas une option, quel aurait été ton métier ?
J’ai fait 3 ans de formation de couture, c’est de l’art. Je resterai toujours dans un métier artistique, mais je ne peux pas dire exactement. Seul Dieu saura vous répondre.
À quoi doit- on s’attendre avec toi, pour la suite ?
On ne sait jamais, moi- même je ne sais pas. Tout va tellement vite aujourd’hui avec internet et tout ce qu’il y a comme évolution… Je change très vite et je m’adapte rapidement. Tout sauf la politique cependant.
Un mot de fin ?
Je dirai aux jeunes qui me lisent, qu’il faut une certaine confiance en soi, pour réussir. Ne laissez personne au monde, vous dire que vous ne pouvez pas. La volonté et la confiance en soi, c’est la moitié du génie.