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« Nous travaillons pour le retour des touristes », Aïssatou Sophie Gladima,maire de la commune de Joal-Fadiouth

par AEROMAG

Maire de Joal-Fadiouth depuis 2022, Aïssatou Sophie Gladima, ancienne ministre, nous présente sa commune, avec des sentiments mêlés et la détermination de relever bien des défis.

Quelle place occupent aujourd’hui la culture et le tourisme à Joal-Fadiouth ?

Il est malheureux aujourd’hui de dire que la ville que Senghor a chantée, où la culture et le tourisme avaient une grande place, a beaucoup chuté. Parce que c’est une zone constituée de terre ferme et d’une île et beaucoup de personnes ont migré vers Dakar, la capitale. Et aujourd’hui, ce sont d’autres personnes qui habitent ces localités (Joal et Fadiouth). Nous avons donc une grande perte de vitesse de ce que représente la culture sérère, parce qu’ici il est question de culture sérère.

Le tourisme aussi bat de l’aile, au vu de l’environnement qui est de moins en moins attrayant d’une part, et d’autre part, on a un circuit touristique qui n’est plus très intéressant. Donc les gens préfèrent aller dans les îles du Saloum ou en Casamance que de venir ici à Joal-Fadiouth.

Qu’est-ce qui est entrepris pour redynamiser le tourisme dans cette ville ?

Nous nous efforçons de créer un autre circuit touristique. Nous avons un projet que nous appelons « le miel de la mangrove ». Nous avons aussi d’autres sites qui sont là et qui ne sont pas encore exploités. Nous avons une commission culture qui mène des réflexions sur la faisabilité des projets. Malheureusement, cela coûte des moyens en termes de ressources humaines que nous n’avons pas.

Nous pouvons avoir un circuit touristique religieux avec Ngazobile (le séminaire où le président Senghor a fait une partie de ses classes). On pourrait y exposer les anciennes tenues que portaient certains missionnaires et dont les étoiles étaient en pagne tissé. Nous pourrions également créer un circuit touristique autour du personnage du président Senghor et un autre circuit autour de nos mangroves.

Joal est la ville natale du président Senghor. Quel héritage a-t-il laissé pour cette ville ?

Je pense que toute personne qui parle aujourd’hui de l’Afrique, du panafricanisme, ne peut ne pas faire allusion à Senghor. Il est le père fondateur de beaucoup de choses. Il a beaucoup fait pour Joal, le Sénégal et l’Afrique. Je pense que c’est à travers ses poèmes où il chante tellement Joal que les gens ont envie de visiter le Sénégal. Quand il parle de ses traversées entre Joal et Djilor, quand il parle de ses libations et de ses rencontres mystiques qu’il a faites avec les hommes et les femmes de son royaume d’enfance.

Avec ses pairs africains, Senghor a également œuvré pour la mise en place de beaucoup d’organismes, l’OMVS par exemple (Organisation de Mise en Valeur du fleuve Sénégal), l’UEMOA, etc. Tout cela fait partie de l’héritage qu’a laissé le président Senghor.

La ville de Joal a-t-elle pu conserver des traces matérielles du passage du président Senghor ?

Le président Senghor en tant que tel, on ne retrouve aucune trace de lui à Joal. Je suis désolée de le dire. Mais il est plus que temps aujourd’hui de matérialiser tout cela. Par contre, sa maison paternelle est toujours là. C’est tout ce qu’a Joal aujourd’hui par rapport à l’héritage matériel de Senghor. Au niveau de la mairie, nous souhaitons créer quelque chose qui tourne autour de Senghor. C’est important que l’héritage immatériel et matériel de Senghor puisse être retrouvé quelque part.

Avez-vous l’impression qu’au Sénégal, le président Senghor a les hommages et le rang qu’il mérite dans la mémoire collective ?

Je ne crois pas. J’ai trouvé vraiment dommage qu’on en soit arrivé au fait que qu’un collectionneur privé veuille vendre les effets personnels de Senghor dans un autre pays avant que l’Etat du Sénégal ne réagisse. L’Etat aurait dû, depuis longtemps, s’intéresser au patrimoine de l’ancien président. Quelles sont les raisons pour lesquelles cela n’avait pas été fait ? Je ne sais pas. Mais l’impression que j’ai est qu’il y a des gens qui ne veulent pas que le président Senghor reste vivant et qui veulent effacer sa mémoire. J’en suis convaincu. Si le président Senghor ne nous avait pas laissé cette fondation très forte, le Sénégal serait tombé depuis longtemps, surtout ces dernières années. C’est parce qu’il a créé des institutions fortes que le Sénégal est encore debout. Est-ce qu’il n’est pas temps de revisiter cela et de rendre à César ce qui appartient à César ? On doit le faire.

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