L’Association dénommée La Route des Chefferies se positionne avec succès dans la valorisation du patrimoine culturel au Cameroun. Une expérience reconnue et respectée au Cameroun et en France…
Propos recueillis par Aéroports Magazine
Quels sont les moyens d’actions de votre association ?
La Route des Chefferies est une organisation culturelle qui travaille au quotidien et ce depuis plus d’une vingtaine d’années pour la conservation, la préservation et la valorisation du patrimoineculturel au Cameroun. Aussi mes équipes et moi-même sommes engagés à mener des actions en faveur du patrimoine camerounais à travers :
- La sensibilisation des communautés locales, des publics jeunes sur l’importance de la conservation et la préservation du patrimoine culturel à travers les ateliers de sensibilisation et les activités de médiation ;
- La conservation et la préservation du patrimoine à travers la mise en place des inventaires, le traitement et la mise en expositions permanentes et temporaires à travers la conception et la réalisation des projets muséographiques et scénographiques de ces patrimoines dans les chefferies avec la construction des musées communautaires ou Cases Patrimoniales ;
- La réhabilitation des sites et le patrimoine architectural à travers le projet ‘Patrimoine Bâti’ que nos équipes implémentent au sein des chefferies avec la collaboration des communautés locales ;
- La recherche de financements locaux, nationaux et internationaux ;
- Le développement de la coopération internationale : La Route des Chefferies collabore avec des organisations internationales, les musées et universités à travers la formation et le partage d’expériences ;
- La formation et le renforcement des capacités des professionnels dans le domaine du patrimoine et des industries culturelles et créatives, des étudiants et chercheurs à travers le Centre de Formation Professionnelle dédié aux métiers du patrimoine et des Industries Culturelles et Créatives inauguré le 11 décembre 2023 ;
- L’accompagnement à l’employabilité jeune, grâce à la formation à travers le Centre de Formation Professionnelle – Patrimoine et ICC (CEFOPICC) créé en 2021, agréé auprès du MINFOP. Le centre a bénéficié d’un financement de l’Ambassade de France au Cameroun/Institut Français ;
- Les Éditions et la Recherche :La Route des Chefferies accorde une forte importance à la recherche scientifique autour des questions d’histoire, de patrimoine et d’identités culturelles, de promotion touristique, etc.Ce travail est réalisé avec de grands chercheurs camerounais et des laboratoires reconnus en fonction des thématiques, à l’instar du CERPETA (Centre d’Etudes et de Recherches pluridisciplinaires sur l’Esclavage et la Traite en Afrique). Ce travail se retrouve dans les Editions de la Route des Chefferies : ‘les mémoires libérées’, le beau livre ‘les civilisations du Cameroun’, le catalogue d‘exposition ‘Indépendance du Cameroun. Libérons la mémoire’, le catalogue Tourisme 2022, les livrets pédagogiques pour le jeune public…
- Le tourisme culturel :La Route des Chefferies depuis sa création s’est également engagée à structurer le secteur touristique du Cameroun afin de contribuer à la valorisation de ses richesses culturelles. C’est dans ce cadre qu’a été créé l’Office Régional de Tourisme de l’Ouest Cameroun (ORTOC) qui s’oriente vers la structuration du secteur touristique dans la région de l’ouest. L’ORTOC dont le bâtiment a été inauguré le 11 décembre 2023, a pour missions de : structurer le secteur et ses acteurs, identifier les sites touristiques, créer les offres et parcours de qualité, créer les offices de tourisme dans chaque région, promouvoir la destination du Cameroun, accompagner les artisans locaux, etc.
Toutes ces actions et activités que nous mettons en place sont faites à travers nos corps de métiers que sont : l’architecture du patrimoine, la conservation du patrimoine, le développement culturel, le marketing et la communication, l’étude d’impact environnemental, la gestion administrative et financière des projets culturels.
Vous travaillez sur le concept des « Routes Patrimoniales » du Cameroun, qui vise à proposer un aménagement culturel et touristique du territoire. Quels sont les résultats de ce projet important ?
Ce projet puise ses fondements selon les particularités et identités locales de chaque aire culturelle et se décline donc ainsi :
- La Route du Sahel : Elle concerne les trois régions septentrionales du Cameroun à savoir la région de l’Adamaoua, de l’Extrême-Nord et celle du Nord. Ici, nous travaillons dans le suivi et l’accompagnement de 11 musées communautaires dans la conservation, la gestion et la valorisation du patrimoine culturel.
- La Route de l’Eau : En place depuis quelques années, nous avons contribué à la construction et la création du musée maritime de Douala et du musée de l’Eau à Bona Anja par Sigabonjo, non loin de Yabassi dans la région du Littoral camerounais.
- La Route des Montagnes: En place dans les régions de l’Ouest et du Nord-Ouest depuis plus d’une vingtaine d’années, elle est le socle de notre organisation pour la promotion du patrimoine naturel et culturel national.
- La Route des Seigneurs de la Forêt : Elle a pour but la valorisation du patrimoine culturel, naturel des trois régions forestières du Cameroun (Centre, Est et Sud).
Il y a deux ans, vous avezété le Commissaire Général d’une exposition au Muséedu Quai Branly Jacques Chirac. Cette exposition areçu plus de 200.000 visiteurs. A quand une prochaine exposition à succès ?
Face à ce succès, nous sommes actuellement en train de préparer plusieurs expositions à l’international notamment en Europe et en Amérique entre 2025 et 2030.
Pour l’instant, l’exposition itinérante intitulée‘Indépendance du Cameroun. Libérons la mémoire’ est en cours au Musée des Civilisations du Cameroun dans la ville de Dschang jusqu’au 31 juin 2024, et se poursuivra à Edéa de Juillet à Décembre 2024. Les prochaines destinations sont : Douala, Maroua,Yaoundé et Nantes.
Pour que le récit sur l’indépendance soit accessible à tous et qu’un vibrant hommage soit rendu aux hommes et femmes ayant arpenté ce dur chemin, La Route des Chefferies et l’Association Pays de la Loire-Cameroun se sont lancées dans une aventure scientifique, historique et mémorielle consistant à offrir une meilleure connaissance d’une histoire riche et douloureuse. Elle préfigure le futur musée sur les « INDEPENDANCES AFRICAINES » que nous projetons dans le département de la Sanaga Maritime.
La tendance appelant à un retour sur le continent des biens culturels africains actuellement en Europe est forte en ce moment. Quelle est votre opinion sur le sujet ?
La Route des Chefferies est en phase avec cette démarche et compte poursuivre la mise en place des structures d’accueil de ses biens. Cela a commencé depuis 20 ans à travers des musées/cases patrimoniales, des inventaires, des activités de reconnexion du public avec un patrimoine négligé, méconnu du grand public. C’est ainsi qu’elle envisage la construction dans un futur proche d’une grande réserve patrimoniale pouvant accueillir environ 10.000 œuvres qui reviendront au Cameroun après restitution sur son site de 7ha dédié à la Cité Internationaledu patrimoine et des ICC à Bafoussam.
