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Kalidou Kassé, Peintre et sculpteur sénégalais « L’État doit être aux côtés de l’artiste ; pas l’État providence, mais l’État partenaire »

par AEROMAG

Kalidou Kassé, figure emblématique de l’art contemporain africain, revient sur les temps forts de la 15è biennale de Dakar. Dans cet entretien, il souligne l’essor des femmes artistes, les défis de la marchandisation de l’art et l’importance de la recherche dans la création artistique. Propos recueillis par Léon Anjorin Koboudé

Quel est votre regard sur cette 15è édition de la biennale de Dakar ?
Je suis membre du comité d’orientation de la biennale et aussi membre du comité de sélection. Concernant l’orientation de cette biennale de Dakar, j’éprouve un sentiment de satisfaction, non seulement pour l’organisation et la réussite,
mais surtout pour la qualité des œuvres présentées. Le comité a travaillé dur pour arriver à ce résultat extraordinaire. Il fallait se débarrasser de toute complaisance lors de la sélection, car l’avenir de tous les jeunes se joue à ce niveau. Pour nous, il fallait mettre le paquet, travailler de manière très professionnelle et surtout prendre en compte les préoccupations esthétiques et les propositions esthétiques. Heureusement, cette édition nous a permis d’avoir une sorte de parité, qui n’était pas mécanique. Au cours de la sélection, nous avons eu presque une égalité entre hommes et femmes. Cela a été
une fabuleuse sélection. J’ai senti la montée des femmes dans la création artistique contemporaine. Il y a quelques années, il y avait peu de femmes artistes. On en comptait sur les doigts d’une main, que ce soit au Sénégal, au Cameroun, au
Burkina, au Bénin, etc. Mais aujourd’hui, on se rend compte que les femmes montent en puissance, avec des propositions extrêmement intéressantes. C’est d’ailleurs ce qui a contribué à la réussite de cette exposition et de toutes les expositions lors
de la biennale.

En tant que doyen de la peinture, comment appréciez-vous justement le niveau de créativité des œuvres présentées ?
Il y a deux niveaux : le premier, celui de la première génération, et le second, celui de la deuxième génération. La première génération a été un peu plus fusionnelle avec la deuxième génération, mais elle avait plus de préoccupations esthétiques. Ils peignaient les choses, ils les faisaient sortir naturellement. Il y a une deuxième génération qui est arrivée, avec une préoccupation plus économique. La fusion des deux nous donne l’idée de ce qu’on appelle l’art contemporain. Cette marchandisation de l’art peut devenir inquiétante dans le temps. Pourquoi ? Parce que les artistes, s’ils ne prennent garde, risquent d’aller dans le sens de la mercantilisation de l’art. Je veux dire de l’art africain contemporain. Aujourd’hui, l’art africain a le vent en poupe. Que ce soit en Europe, aux États-Unis, un peu partout dans le monde, on parle de l’art africain. Tout le monde a envie d’avoir une œuvre d’art africaine. Chacun a un artiste favori ou deux, voire trois œuvres chez soi. Il nous revient donc d’œuvrer pour réguler ou simplement accompagner ces jeunes pour une meilleure prise en charge des propositions de ce type. Il est extrêmement important de dire que l’art, sa mission, c’est de pouvoir nouer des rapports et de désamorcer des conflits. Si on le comprend ainsi, nous allons droit vers la réussite de notre mission. Mais si on va droit vers une sorte d’accumulation financière – est-ce que ça se vend ? ou est-ce que ça marche ? – ce n’est pas bon. Malheureusement, beaucoup d’artistes sont tombés dans le piège à l’époque, où tout le monde disait que c’était un bon artiste, tout le monde l’achetait. Mais en fin de compte, il finit par lasser…

Dans ce contexte, que recommandez-vous aux jeunes ? Est-ce de la formation ou bien de faire parler simplement leur créativité sans tenir compte du marché?

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