Le 10 décembre 2022, la scène musicale africaine a connu le départ éternel d’une grande voix. La congolaise Élisabeth Tshala Muana Muidikayi, alias Tshala Muana, 65 ans, a laissé en héritage un riche répertoire musical et surtout un rythme très dansant, le Mutuashi.
Stévyne N’Zaba
La carrière de celle, qui deviendra une star, a explosé en Côte d’ivoire, précisément à Abidjan. Touche-à-tout dans le monde musical, Tshala Muana aussi appelée par les Congolais « Mamu nationale » (mère de la Nation) a eu plusieurs vies dans une seule vie. Célébrée et adulée, elle a su moderniser le folklore Luba (le mutuashi), une danse des plus voluptueuses que l’Afrique entière a connue et appréciée. Danseuse de métier, puis chanteuse avec à son actif plus d’une vingtaine d’albums, productrice, actrice et même politicienne.
Issue d’une famille nombreuse, son paternel Amadeus Muidikayi était militaire de profession et sa mère Alphonsine Bambiwa Tumba mère au foyer. Lorsqu’elle a 6 ans, son père est assassiné par les maquisards pendant la guerre du Katanga. C’est donc avec détermination et courage que leur mère va élever toute la grande fratrie. Sa vie privée est souvent jonchée de rumeurs, on l’a dit en relation pendant des années avec feu l’ancien président congolais Laurent Désiré Kabila, puis jusqu’à la fin de sa vie avec Claude Mashala…
En 1997, de retour d’Europe, où elle a vécu plus d’une décennie, elle se lance en politique et s’engage en fondant l’association Refeco (Regroupement des Femmes Congolaises) avec le soutien précieux de Kabila père. De 2000 à 2002 elle est députée au sein de L’ACLPT (assemblée constituante et législative du parlement de transition). En 2002, elle devient la présidente de la ligue des femmes PPRD (parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie) crée par Joseph Kabila, poste dont elle a occupé les fonctions jusqu’à son décès. S’essayant encore une fois à une députation en 2011, elle est finalement battue dans sa région natale et invoque le trucage et la fraude.
Depuis son engagement politique, Tshala Muana était devenue sans aucun doute une chanteuse « patriotique ». Ses relations proches avec Joseph Kabila lui ont valu des inimités et surtout le boycott de ses concerts, comme de nombreux artistes congolais qui ont affiché leur soutien au pouvoir en place de l’époque ! Son dernier show remonte donc à 2010. Depuis les années 2000, Mamu Nationale produisait ses propres œuvres et également celles d’autres artistes comme MJ30 aujourd’hui reconvertie dans la musique chrétienne, Jos Diena, Lula Tshanda, ou encore Boss Bossombo. Elle s’apprêtait même à sortir un nouvel album et des duos très attendus comme celui avec l’artiste et compositeur de renom congolais Bibi Den’s, son ami et confident.
