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Le retour en force des salles de cinéma à Dakar

par AEROMAG

Depuis quelques mois, plusieurs complexes cinématographiques sont inaugurés dans la capitale sénégalaise, après une période qui a connu la disparition de beaucoup de salles.

 Oumy NDOUR

Mardi 20 décembre 2022, 19h devant le multiplexe Pathé de Dakar. Du beau monde pour l’avant-première sénégalaise de « Tirailleurs », le nouveau film de Mathieu Vadepied avec en tête d’affiche le Franco-Sénégalais Omar Sy. La star a tenu à venir présenter sur sa terre d’origine ce film. Pour l’occasion, la totalité des salles de ce complexe cinématographique flambant neuf ont été privatisées. Il y a quelques mois, il n’y aurait pas eu d’infrastructure dotée de toutes les commodités en termes de son et d’image apte à accueillir un tel événement au Sénégal.

Le pays a en effet vécu une parenthèse désenchantée de près de trois décennies durant laquelle les salles de cinéma ont fermé les unes à la suite des autres, transformées en centres commerciaux, temples évangéliques ou encore en squats pour marginaux. De près de 80 salles au milieu des années 80, le Sénégal n’en comptait presque plus au début des années 2000. Les quelques rares salles qui tentaient de résister se comptaient sur les doigts d’une seule main et étaient toutes à Dakar. Leur état de décrépitude avancée, la faible qualité de la programmation et surtout l’accès facile aux films grâce à d’autres canaux (télévisons par satellite, DVD et plus tard internet) avaient fini par en faire des endroits peu attractifs à la recherche d’une gloire hélas passée. Une hérésie sur cette terre considérée comme celle des pionniers du 7e art africain qui en 1955 a valu au continent son premier film : « Afrique sur Seine ». Ce court métrage tourné en France par les Sénégalais Paulin Soumanou Vieyra, Jacques Mélo Kane et Mamadou Sarr est considéré comme l’œuvre fondatrice du cinéma africain. Le pays a aussi par la suite donné au monde des références absolues dans ce domaine : Sembène Ousmane, Djibril Diop Mambety, Ababacar Samb Makharam, etc. Des aînés qui ont balisé le chemin à une belle relève : Moussa Touré, Safy Faye, Moussa Sène Absa, Mansour Sora Wade, Alain Gomis, Angèle Diabang, Maty Diop… Une nouvelle génération de réalisateurs talentueux multirécompensés aux quatre coins du monde, dont malheureusement les films n’étaient pas vus dans leur propre pays à cause de l’absence de salles de cinéma.

En 2022, cette page sombre semble être définitivement fermée. En l’espace de 2 mois (octobre et novembre), 10 salles de cinéma ont ouvert dans la capitale sénégalaise. Le géant français Pathé offre dans le quartier de Mermoz un multiplexe de 7 salles, réplique exacte tant dans l’architecture que dans la technologie utilisée, de ses salles en France. Le groupe Teyliom, de l’homme d’affaires sénégalais Yérim Sow, grand nom de l’immobilier en Afrique, lui a emboîté le pas un mois plus tard. Le 11 novembre, il a ouvert le SEANEMA, un complexe de 3 salles ultramodernes dans son centre commercial du Seaplaza sur la corniche ouest, au bord de l’océan Atlantique. Ce renouveau de l’exploitation cinématographique au Sénégal avait été enclenché en 2017 avec l’ouverture de la salle « Canal Olympia Teranga » du groupe Vivendi suivi un an après par le complexe cinématographique Sembène Ousmane au sein du parc d’attractions Magicland de l’homme d’affaires sénégalais d’origine libanaise, Youssef Saleh. Désormais, le défi des cinéastes sénégalais est de se faire de la place sur ces écrans, face aux blockbusters américains.

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