Au cœur des couvents et autres lieux de cultes Vodun, des dignitaires religieux perpétuent des pratiques aussi éclectiques que diverses à travers lesquelles nombre de Béninois se reconnaissent. Zoom sur des leaders religieux…
Daagbo Hounon Houna II, le chef suprême militant

Daagbo Hounon Houna II jouit d’une grande renommée au sein de la communauté des fidèles du Vodun. Chef spirituel suprême de cette religion ancestrale, l’homme dont l’influence va au-delà des f rontières nationales, a été consacré depuis quelques années roi des mers et océans. Gardien d’une tradition séculaire, le leader religieux est également un militant des droits humains. Notamment à travers son combat pour la scolarisation des filles et l’autonomisation des femmes, surtout au sein des couvents où de nombreuses considérations et pesanteurs socioculturelles plombent l’épanouissement de cette composante de la société béninoise pourtant réputée pour son important rôle dans la religion Vodun. Président de la Plateforme nationale des structures religieuses pour la santé, la paix, la sécurité et le développement au Bénin, il reste une voix qui porte. Acteur de nombreuses réformes aux côtés d’autres leaders religieux et d’opinion pour la promotion de la femme, Daagbo Hounon Houna II considère le Vodun comme la première religion au monde avec de multiples vertus et bienfaits à son actif. Et appelle à un changement de mentalités et de comportements face à certaines pratiques négatives qui ne sont pas pour promouvoir le Vodun.
Adanyroh Sossa Guedehoungue Agassa : Déconstruire les stéréotypes

75e enfant de Feu Sossa Guedehoungue, haut dignitaire de renom, ancien président national du culte Vodun disparu en 2001, Adanyroh Sossa Guedehoungue Agassa est l’actuel président national de la Communauté nationale du Culte Vodun du Bénin (CNCVB-Racine). Successeur, depuis 2011, de son frère Hounguê Towakon Sossa Guedehoungue II, il pérennise aujourd’hui l’héritage familial en promouvant le Vodun à l’instar de son géniteur naguère reconnu à travers le monde. Convaincu que « le Bénin est dans une civilisation d’essence vodoun et le Vodun imprègne la vie sociale dans son ensemble », comme le défend le président béninois Patrice Talon, le quinquagénaire relève l’importance du Vodun. « Le Vodun, qu’on le veuille ou non, fait partie de notre être », note-t-il, tout en soulignant qu’il est un principe divin universel qui assure le bien-être des humains, si ses principes sont respectés. Mieux, aux pourfendeurs du Vodun, il oppose que le Vodun dans son essence n’est pas du satanisme, ni de la sorcellerie encore moins de la magie noire ou de la prestidigitation. Déplorant l’usage que certains en font pour faire croire à certaines sensibilités que le Vodun est l’apanage du mal, il appelle à œuvrer à déconstruire les stéréotypes qui assimilent le Vodun à de mauvaises pratiques.
Ôkôti Tcha-Dièti, Garant des rites Tammaris

Chef suprême de culte Tammari, Ôkôti Tcha-Dièti, à l’état-civil N’tcha Bêko Arnaud, est le prêtre sacrificateur Vodun de «Fèwaafè», déité créatrice et mère de tout en milieu Tammari. Prédestiné Ôkôti, guide ou roi en f rançais, Tcha-Dièti a été désigné responsable et représentant des Ôkôti des différents clans bètammaribè, pour défendre et déconstruire les préjugés autour du Vodun. Intronisé depuis 2012, après avoir fui cette responsabilité pendant 20 ans environ, il ne trouvera la paix du cœur que dans son milieu d’origine, à travers la fonction qui est la sienne.
Né d’un père otammari et d’une mère originaire du Sud-Bénin et résidant dans la commune de Natitingou, précisément dans l’arrondissement de Kouandata, Ôkoti Tcha- Dièti est l’intermédiaire direct entre l’Etre Suprême «M’pakèdaa», les mânes et les humains. Il est aussi le pont entre certaines déités dont la déité suprême est «Fèwaafè» dont il officie le culte.La religion traditionnelle, à son avis, reste la mère de toutes les religions, car pacifique, porteuse de bonheur, de prospérité et de bien-être à l’individu. Confiant en la puissance que confèrent les déités à leurs serviteurs, Ôkoti Tcha-Dièti nourrit l’ambition de restaurer la cohésion sociale, gage de développement, du Nord au Sud, de par la réappropriation des sagesses et savoirs africains par les communautés. Malgré ses pouvoirs d’agir que lui confère son titre, il est tenu de veiller sur les uns et les autres, sans jamais s’interférer dans les affaires ne relevant pas de l’intérêt général. Il est le seul habilité à intercéder auprès de «Fèwaafè» en faveur de son clan, pour des offrandes, les rituels nécessaires, surtout avant la consommation de la nouvelle igname, du nouveau mil et des rites initiatiques aux jeunes…