Saint-Louis : la cité historique des arts !
Vous êtes touriste ? Ou résidez-vous déjà au Sénégal ? Si l’envie vous prend de découvrir la ville de Saint-Louis, ne la refoulez surtout pas.

Saint-Louis, ville chargée d’histoires. Fondée par les colons au 17e siècle, elle est décrite comme la plus ancienne ville créée par les Européens sur la côte ouest-africaine.Elle a été la capitale de l’Afriqueoccidentale française et ancienne capitale du Sénégal de 1872 à 1957. Avec son charme et sa beauté que très peu de villes ont au Sénégal, Saint-Louis reste une destination très prisée. Embarquez pour une (re)découverte !
Igor Kouton
L’île de Saint-Louis, un mélange de beauté et d’originalité

A l’entrée de l’île, juste à la descente du pont Faidherbe, c’est une architecture particulière qui vous accueille. Des rues assez larges et des bâtisses d’une beauté qui sort de l’ordinaire, bienvenue sur l’île de Saint-Louis. Le premier bâtiment qui vous accueille est celui de la poste, reconnaissable à ses couleurs bleu blanc. En face, l’hôtel de la poste, un autre symbole de l’architecture unique de Saint-Louis, réputé pour avoir hébergé les célèbres aviateurs Jean Mermoz et Antoine de Saint-Exupéry pendant leurs escales sur l’île.
L’Île de Saint-Louis fut le premier comptoir français installé sur la côte atlantique de l’Afrique en 1659. Cette ’Île fut un lieu de rencontres, d’échanges, de décisions, une véritable plaque tournante pour les négociants européens remontant le fleuve à longueur d’années à la recherche d’esclaves et d’autres produits.
Ici les maisons, près de la moitié, sont construites en rez-de-chaussée : certaines d’entre elles, élevées en brique, portent des toitures de tuiles mécaniques, à deux versants, le reste est couvert en terrasse avec de petits murets dont les avancées forment un pare-soleil. Les maisons à étage, un peu moins nombreuses que les précédentes, construites en brique, s’organisent également autour de la cour.Les pièces à l’étage sont organisées en enfilade par des couloirs étroits. Elles disposent côté rue de portes-fenêtres symétriques donnant sur un balcon généralement protégé par un auvent en tuiles mécaniques. Les plus vieilles balustrades sont en bois, quelques-unes en fer forgé. Les plus récentes et les plus restaurées sont en ciment.
La plupart des rez-de-chaussée de ce type de maisons étaient à usage de boutiques, dont les plus anciennes s’ouvraient dans des arcades en plein centre. Les couches de mortier appliquées sur les murs des maisons les plus anciennes sont colorées en ocre ou en rose et les entrées sont soulignées par des encadrements moulurés et peints ; un mélange d’architectures de type méditerranéen.
Certaines de ces bâtisses sont aujourd’hui dans un état de dégradation, d’autres sont déjà en ruine. En 2000, l’Île a été inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Ce classementimplique un engagement fort des collectivités locales et des administrations nationales dans une politique de sauvegarde et de mise en valeur de l’île Saint-Louis. La situation de la ville sur une île à l’embouchure du fleuve Sénégal, son plan urbain régulier, son système de quais et son architecture coloniale caractéristique confèrent à Saint-Louis sa qualité particulière et son identité.
La cité des arts
Il n’est pas commun de finir une rue entière sans apercevoir une galerie d’art, un atelier d’arts plastiques, des boutiques d’objets décoratifs ou encore des musées. Des musées où sont conservées une partie de l’histoire, de la tradition de l’île et même du Sénégal. Voici notre petite sélection d’endroits qui méritent un arrêt.
- L’archipel de musées ou le musée de la Photographie: c’est un ensemble de 10 musées qui vous invite à la découverte de la cité magique à travers des clichés, la photographie. On y valorise auquotidienles traditions et la culture saint-louisiennes à travers des espaces qui sont, à la fois des demeures rénovées et des bouts de l’histoire du pays racontée aussi par la photographie ancienne et contemporaine. Chacun des 10 sites est dédié à une ou plusieurs thématiques (cultures urbaines, portraits, patrimoine ferroviaire, sculptures, peinture sur verre inversé, histoire politique du Sénégal, etc.). Cet ensemble de musées est situé au sud de l’île, le long du quai Henry Jay, où d’anciens hangars font face au fleuve. Cette initiative culturelle, entièrement privée et autonome est le résultat des passions de Amadou Diaw, mécène saint-louisien. La visite de l’ensemble des sites coûte dix mille francs CFA.
- Le musée Jean Mermoz : pour les passionnés d’aviation ou d’aéronautique, ce musée est une escale obligatoire si vous êtes de passage sur l’île de Saint-Louis. Pourquoi risquer sa vie pour quelques colis postaux ? la réponse se trouve sur l’une des planches exposées dans les pièces de ce musée.L’histoire de Jean Mermoz, son parcours et celui d’autres aviateurs comme Antoine de Saint-Exupéry, Marcel Bouilloux-Lafont, Didier Durat, et bien d’autres,y sont retracés.Dans ce musée, vous découvrirez aussile tableau de marche qui récapitule les étapes clés de la première liaison postale aérienne France – Amérique du Sud (1930).La visite est facturée à 2 mille francs CFA.
- L’atelier Meïssa : Chez MeïssaFall, les pièces de vélos ont une seconde vie. Dans son atelier de réparation, la créativité n’a pas de limites. Ici les pièces de bicyclettes prennent des allures de personnages, d’instruments de musique ou d’animaux et deviennent des œuvres d’art. Des œuvres d’art uniques pour lesquelles MeïssaFall a été élu meilleur artiste designer de Saint-Louis en 2017. Son atelier mérite un détour, et vous serez surpris par son imagination. Les objets d’art sont accessibles à partir de dix mille francs CFA chez Meïssa.
- L’atelier Tësss : si vous voulez découvrir des pagnes traditionnels de la culture Mandjak, vous êtes à la bonne adresse. Ici, Maï Diop, la créatrice de la marque Tësss, vous fait revisiter des tissus produits localement selon la tradition mandjak, comme des pagnes, des coussins, des sacs et des chemins de table. Tësss a pour but de faire redécouvrir les motifs oubliés des pagnes traditionnels, toujours appréciés aujourd’hui. Maï Diop, avec l’aide de ses artisans, crée aussi des étoffes sur mesure pour ses clients. L’atelier des tisserands se trouve à deux pas de la boutique : vous pourrez apprécier leur travail délicat sur unimposant métier à tisser.

Faidherbe, le pont supercentenaire
Saint-Louis du Sénégal est aussi une ville connue pour son célèbre pont : le pont Faidherbe. C’est l’unique point de passage qui relie l’île de Saint-Louis au reste de la ville. C’est un pont métallique de 511 mètres de long et de 6,20 mètres de large avec deux allées piétonnes (en bois d’azobé) de part et d’autre de l’édifice. Il repose sur des piles construites sur caisson de fonçage et enjambe le fleuve Sénégal.La partie supérieure du pont est formée de sept arches qui surplombent le fleuve.

C’est en 1865, sous l’autorité du gouverneur par intérim, le capitaine de frégate Robin, que la toutepremière versiondu pont a été construite. Il était flottant et s’appuyait sur une quarantaine de pontons en tôle. La construction de cet édifice répondait essentiellement au besoin de facilitation du trafic vers Saint-Louis et d’interventions militaires qui étaient régulières à l’époque. Il porte le nom de Louis Faidherbe, administrateur colonial entre 1854 et 1861, puis entre 1863 et 1865.
Plusieurs reconstructions ont été faites, notamment en 1897, 1929 et 1931, du fait des effets corrosifs. Malgré des réparations effectuées en 1987 et 1999, la pérennité de l’ouvrage n’a pu être assurée.
Les dernières rénovations ont eu lieu de 2008 à 2011.
La langue de Barbarie
C’est une presqu’île située entre le fleuve Sénégal et l’océan. Une fine bande de terre d’une trentaine de kilomètres qui va de la frontière mauritanienne jusqu’à l’embouchure du fleuve Sénégal. Craignant une inondation de Saint-Louis, l’Etat du Sénégal y a fait creuser une brèche en 2003. Cette brèche, qui n’a cessé de croître depuis lors, a scindé la langue de Barbarie en deux. Les deux parties s’éloignent, chaque jour un peu plus, l’une de l’autre. De quelques mètres en 2003, cette distance est aujourd’hui de plusieurs kilomètres.
Transformée en nouvelle embouchure, elle est aujourd’hui préférée comme point de passage par la plupart des pêcheurs des quartiers de Guet Ndar, Ndar, Goxumbacc ou Santiaba. En effet, les pirogues qui auparavant étaient débarquées sur la plage, sont désormais amarrées sur le fleuve Sénégal.
L’Université Gaston Berger, une fabrique de cadres

Si l’Université Cheikh Anta Diop peut se targuer d’avoir vu de grandes personnalités et même des Chefs d’Etatfaire leurs humanités dans ses amphithéâtres, l’Université Gaston Berger a de quoi être également fière. L’UGB de Saint-Louis a formé diverses personnalités sénégalaises au rang desquelles Ousmane Sonko, l’actuel Premier ministre, Dr Mabouba Diagne, actuel ministre de l’Agriculture et ancien vice-président de la Banque d’investissement et de Développement de la CEDEAO, madame Zeynab Mbengue Wade, la première femme magistrate à la Cour des Comptes du Sénégal. Et pas que. La liste est longue. L’UGB ou Sanar, comme l’appellent ses pensionnaires, a également formé Abdourahmane Diouf, l’actuel ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation qui, d’ailleurs, fait partie de la première cohorte d’étudiants accueillis par cette université en 1990.
Créée par la loi N° 90-03 du 02 janvier 1990 et régie par le décret N° 90-054 du 19 janvier 1990, Sanar (nom emprunté aux deux villages qui ceinturent l’UGB) est composée de neuf Unités de Formation et de Recherche (UFR), quatre Instituts et deux écoles doctorales. Elle compte, selon les données de son rectorat, 16.518 étudiants et regroupe 29 différentes nationalités.
Installée entre les villages de Sanar wolof et Sanar peulh, l’Université Gaston Berger couvre une superficie de 240 hectares et est située à environ 12 kilomètres du centre-ville de Saint-Louis. Elle est rattachée à la communauté rurale de Gandon, un village situé au sud de Saint-Louis sur l’axe Saint-Louis – Louga, sur la route nationale 2, d’où on aperçoit la tour de sa bibliothèque.
Saint-Louis, une réserve faunique
La région de Saint-Louis, c’est aussi un ensemble de réserves et de parcs nationaux. La région abrite deux des six parcs nationaux du Sénégal.
Le parc national des oiseaux de Djoudj (PNOD)
C’est la 3ème réserve ornithologique au monde. Etablie sur une superficie de 16 000 hectares, le parc national des oiseaux de Djoudj compteenviron 395 espèces d’oiseaux (soient près de trois millions d’oiseaux). C’est un sanctuairepour les oiseaux tels le pélican blanc, le héron pourpré, la spatule d’Afrique, la grande aigrette et le cormoran. On y trouve aussi des canards souchets, des sarcelles, des tantales ibis, des gazelles d’été ou encore des espèces d’outarde.
Créé en 1971, le Parc deDjoudj (PNOD) est classé depuis 1981 au Patrimoine Mondial par l’Unesco. Il est situé à une soixantaine de kilomètres au nord de Saint-Louis sur la route nationale 2, dans le delta du Sénégal au Sahel. Ce parc est une succession de zones humides à eaux douces ou saumâtres, savane sahélienne avec de nombreux canaux, lacs, bassins et marécages.
Le parc national de la langue de Barbarie
Le Parc National de la Langue de Barbarie est situé dans le Gandiolais à une vingtaine de kilomètres au sud de Saint-Louis, en grande partie sur la Langue de Barbarie jusqu’aux marigots des rives continentales du fleuve et quelques îlots comme la fameuse « île aux oiseaux » qui accueille d’avril à octobre, des milliers d’oiseaux migrateurs, le temps de la nidification.

Réserve ornithologique de 2000 hectares créée en 1976, le Parc de la Langue de Barbarie s’étire sur une quinzaine de kilomètres et une largeur de quelques centaines de mètres à près d’un kilomètre entre le fleuve Sénégal et l’Océan Atlantique. Sa partie exposée à la mer est constituée de dunes fixées par des filaos alors que côté plage, le sable sert de ponte pour les tortues marines.
Un site remarquable où vous pourrez percevoir et admirer entre autres flamants roses, pélicans, cormorans, hérons, aigrettes garzettes, vanneaux éperonnés, dendrocygnes, sternes, goélands et mouettes.
La réserve de Gueumbeul
Petite réserve clôturée de 720 hectares, créée en 1983, la réserve de Gueumbeul estsituée sur la route de Gandiol, à environ 15 kilomètres au Sud de Saint-Louis du Sénégal.Elle est un enclos expérimental de plusieurs espèces en voie d’extinction. La réserve se compose principalement d’un lac d’environ 200 hectares et abrite notamment des tortues sillonnées, des gazelles dama, oryx dammah, phacochères, renards pâles et singes rouges (patas) lesquels peuvent d’ailleurs être facilement aperçus hors réserve.
A certaines heures de la journée, tôt le matin ou avant la tombée de la nuit, on peut constater la présence des phacochères et des groupes de singes patas. Les gazelles dorca et dama qui ont complètement disparu du sol sénégalais à l’état naturel, ont été offertes par l’Espagne en vue d’une acclimatation et d’une future réintroduction.
Les oryx ont eux aussi complètement disparu et sont des animaux revenus d’Israël dans la même optique. Ces espèces doivent d’abord se réacclimater dans un endroit semi-clos avant de pouvoir espérer les relâcher en brousse.